Ancien royaume de Gugé - Tibet
Nous venons d'arriver, avec un ami, dans le petit village de Thöling à la découverte du Royaume de Gugé au Tibet. Ce royaume abrita du Xème siècle au milieu du XVIIème siècle une remarquable civilisation et fut une des sources du renouveau bouddhiste dans la région. Ses capitales furent Thöling et Tsaparang situées dans la vallée de la Sutlej, un affluent de l'Indus. Nous sommes accompagnés d'un guide tibétain et d'un chauffeur han.
Notre but est de visiter les grottes de la région abritant, dit-on, de magnifiques peintures. Un musée à « ciel ouvert » si on peut dire ! D'après la lecture des guides de voyage sur la région, il y aurait plus d'un millier de grottes recelant de nombreuses peintures.
Après plus de mille deux cents kilomètres de pistes depuis Lhassa et la découverte des hauts plateaux du Changtang, nous sommes enfin sur place . Après la visite du petit monastère de Thöling, nous établissons notre bivouac à proximité du village de Tsaparang, distant de quelques kilomètres.
Cette ancienne capitale est un champ de ruines; quelques bâtiments en pisé tiennent encore debout malgré l'érosion ou les tremblements de terre. Une vaste forteresse perchée sur un éperon rocheux domine le site. On y accède par un long tunnel creusé dans le rocher.
Nous débouchons sur un panorama absolument magnifique surplombant la vallée de la Sutlej.
Le temps étant au beau fixe, la vue sur la chaîne de l'Himalaya est à couper le souffle. Le guide nous désigne au loin le mont Kamet (altitude 7750 mts) situé en Inde. Nous découvrons un bâtiment relativement bien conservé, le temple rouge. On peut y voir quelques rares peintures murales, certaines en bon état d'autres plus nombreuses très dégradées. Quelques unes sont en cours de restauration. Un peu plus loin, les vestiges d'un grand stupa (chörten en tibétain). Avec mon ami, nous sommes un peu déçus d'avoir fait tant de kilomètres pour voir si peu de fresques tant vantées par les guides touristiques. Evidement le paysage est vraiment hors du commun, mais on reste quand même sur notre faim. La poursuite de notre exploration nous prend la journée à crapahuter dans les ruines et découvrir quelques vestiges d'habitations. En redescendant vers la vallée à travers la ville, nous tombons sur une sépulture à ciel ouvert qui, compte tenu de l'odeur, doit être encore en activité !
J'essaie d'imaginer la vie de ces habitants de l'époque qui soulève de nombreuses questions comme par exemple :. comment la forteresse était elle alimentée en eau ? Ou pourquoi les habitants ont ils abandonné la ville ?
De retour au campement, nous expliquons au guide que concernant les grottes, on s'attendait à plus spectaculaire.
Devant notre déconvenue, le guide nous parle de deux autres sites avec de nombreuses grottes abritant également des peintures murales. Il s'agit de Dungkar et de Piyang. Il a déjà été à Dungkar mais simplement entendu parlé de Piyang et ne sait pas trop où cela se trouve. Le chauffeur est chargé de se renseigner sur ce dernier point auprès des villageois.
Il est temps de quitter les lieux pour Dungkar. Nous trouvons facilement à installer notre campement à l'entrée du village où vivent quelques familles. Renseignements pris, les grottes sont fermées à clé et il nous faut trouver le gardien. Le bouche à oreille marche aussi très bien dans la région et le rendez vous est fixé pour le lendemain matin avec notre « saint pierre » local.
Pour l'heure, nous grimpons jusqu'aux ruines de la forteresse. Quelques murs encore debout et une vue magnifique sur la chaîne de l'Himalaya. Le guide qui, je le découvre, connaît parfaitement la chaîne de l'Himalaya, nomme les différents sommets dont le Nanda Devi (altitude 7815mts) situé en Inde. Je ne pensais pas être aussi proche de l'Inde.
Dés l'aube le gardien est déjà à nous attendre devant nos tentes. Nous sommes rapidement à pied d'oeuvre pour découvrir ces fresques du XIème siècle.
Nous ne sommes pas déçus. La première grotte que nous ouvre le gardien, est absolument décorée du sol au plafond. Pas un centimètre carré vierge de peinture. Magnifique ! D'autres grottes, d'autres peintures pour la plupart bien conservées. Là aussi, certaines grottes commencent à être restaurées ; signe que l'état commence à prendre en compte ce véritable trésor artistique ! Il y a là une série de fresques que nous avons du mal à interpréter, elles représentent, nous semble t il, des gymnastes en action. Surprenant.
/image%2F0570059%2F20210820%2Fob_5bafa4_fresque-de-dungkhar.jpg)
D'autres représentent des mandalas ou des représentations du bouddha. Il nous aurait fallu un guide un peu plus expert pour avoir quelques informations sur les superbes fresques que nous avons sous les yeux. Quoiqu'il en soit, nous ne nous lassons pas d'admirer le spectacle de ces peintures vieilles de près d'un millier d'années ; mais aussi le panorama que nous contemplons durant de longues minutes ; pas besoin de parler...
De retour au campement, nous revenons à la charge pour la visite de Piyang.
Après de longs palabres pour convaincre notre guide et surtout le chauffeur de nous conduire sur le site de Piyang quasi inconnu du tourisme à l'époque.
Nous comprenons rapidement pourquoi le guide n'est pas trop chaud pour nous y conduire ;la région n'est pas autorisée aux touristes et il craint pour sa licence.
Le chauffeur ayant obtenu les informations nécessaires auprès du gardien, nous prenons la route vers Piyang. Le paysage est extraordinaire ; la route est bordée de falaises étrangement sculptées par le vent et toujours une vue panoramique sur la chaîne de l'Himalaya.
Quelques dizaines de kilomètres et nous nous retrouvons face à une colline percée de grottes et surmontée d'une forteresse dont la peinture rouge subsiste par endroits. Cela ressemble à Dungkar mais sans gardien. Après avoir installé notre campement sous le regard amusé de quelques villageois, nous nous faisons guider par l'un d'entre eux vers l'entrée des grottes.
Là encore quelques magnifiques peintures admirablement conservées, mais aussi de très nombreuses en mauvais état. Il est assez difficile voire dangereux d'accéder à certaines grottes car il n'y a pas d'accès aménagé et il faut être un spécialiste de la varappe ! Malgré tout, nous sommes heureux d'être parvenus à ce site ; nous avons l'impression d'être les « découvreurs » de l'endroit.
Les sites de Dungkar et de Piyang me rappellent les grottes dites des mille bouddhas de Kizil ou de Mogao au Xinjiang en moins organisés et encadrés et sans les nombreux touristes tant chinois qu'étrangers; ce qui n'est pas pour nous déplaire ! Mais c'était il y a bien longtemps, tout cela a dû changer.
Cette balade insolite à la recherche des fresques perdues du royaume de Gugé se termine et nous poursuivons notre route vers le célèbre mont Kaïlash.
Commenter cet article